Plus de 45 années d’expérimentations par la vannerie m’amènent à côtoyer de nombreuses plantes locales, au naturel, sans transformation, au fil des saisons. Et à développer une autre relation au monde naturel vivant. Une autre relation au temps. Une autre relation à la posture d’humain.
Cet article – ce point de vue – s’inscrit dans un parcours d’interventions, autour du thème des « Métiers de la Transition Écologique / Environnementale », pour lesquelles j’ai été sollicité.
Oser des réponses végétales
Plus qu’un slogan, une intention, une posture responsable ! Une source de recherches, d’expérimentations, de croisements d’expériences. Avec parfois des défis, des challenges, en tous cas de l’apprentissage, en harmonie et respect avec le « vivant ».
Au-delà de sensibiliser, de transmettre savoirs et gestes, j’entraîne les personnes dans l’interaction, le « sentir », le « démonstratif ». La vannerie est le moyen. De véritables projets qui font sens et résonnent en chacun de nous.
Apprendre du monde naturel
C’est une autre relation au monde naturel vivant, se différenciant du biomimétisme. Nous faisons partie intégrante de l’environnement dans lequel nous évoluons, quoi que nous fassions. Il faut comprendre que la nature n’est pas un simple décor, des lieux de loisir, d’escapades, mais bien notre bien commun le plus précieux. Sans elle, que reste-t-il ?
La nature a résolu nombre de problématiques et continue à nous enseigner. Nous sommes éternels apprenants en tous cas telle est ma posture !
Si je côtoie la ronce commune de longue date – vannerie cousue oblige – l’ortie est (re)venue à ma rencontre il y a trois années de cela. J’adore les plantes pionnières ; elles sont ingénieuses et vertueuses, loin du mépris culturellement installé envers ces plantes.
Collaborations
J’ai le privilège de collaborer avec des archéologues, des chercheurs du CNRS, des experts du Néolithique et Paléolithique, des historiens, comme les objets de vannerie du quotidien figurant sur la photo ci-contre. Ils m’éveillent régulièrement à tel ou tel atout secret de la grande ortie par exemple. Des atouts oubliés qu’un fragment de patrimoine fait soudain renaître. Une chose avérée est que la grande ortie a accompagné l’Humanité depuis très très longtemps.
Le lien avec la transition écologique
J’y arrive. Je ferais plus volontiers référence au Changement Global du Climat dans lequel une telle transition s’inscrit.
Face au consumérisme intrusif, aux hautes technologies envahissant nos quotidiens, il faut parfois bousculer pour comprendre. Cultiver et entretenir son esprit critique voire rebelle. Sans pour autant faire table rase sur les avancées, il s’agit bien d’une transition sociétale, touchant l’individu et la société, l’humanité avec la planète l’hébergeant. « Ne plus aller chercher à l’autre bout du monde tout et n’importe quoi ! »
Ortie, qui es-tu ?
J’ai beaucoup de considération pour les plantes dites pionnières. La grande ortie (urtica dioica) pousse spontanément sans culture, sans arrosage, sans intrant, ni traitement phyto. Jusqu’à deux récoltes par an. Elle enrichit le sol de nombreuses manières. Elle nous nourrit en vitamine C, fer, magnésium, etc. Et elle est riche en fibres végétales.
Plus fine que celle du lin, creuse, résistante, isolante, elle est aussi antibactérienne par nature. Quoi demander de plus ? Voilà bien la suite de mon propos.
Des atouts « fibrement » géniaux
Avec la fibre d’ortie, on peut aisément réaliser des cordelettes fort solides et durables.
La mécanisation n’a pas su prendre le relai, notamment avec les outils conventionnels pour séparer efficacement les fibres de l’écorce. Sans procédé mécanique complexe, ni produit chimique, ni métaux lourds, ni chaleur, ni transformation, on peut extraire de longues et fines fibres non dégradées. Ce processus peut très vraisemblablement être perfectionné !
Avec des outils simples tels que des silex « customisés », des peignes en épines d’aubépine, on peut nettoyer et feutrer les fibres. On peut également les carder dans l’idée de les filer et de rejoindre la filière tissage.
Le feutre d’ortie peut accepter la teinture végétale naturelle. La fibre d’ortie peut être utilisée en tant que fil de couture tout simplement.
Avec les courtes fibres restantes, il y a largement assez de cellulose pour fabriquer du papier.
Toute une palette de possibles en matière de vannerie créative 😉
Si des clés étaient à nos côtés…
Là, ici, maintenant, les fibres végétales telles que celles de la grande ortie sont à même d’apporter des réponses végétales, locales, vertueuses, essentielles. En harmonie avec notre Terre-Mère, notre Terre nourricière.
Je suis ouvert à tout entrepreneur qui souhaiterait faire un bout de ce chemin, ensemble, aux côtés de la grande ortie, tant elle a à nous apprendre et nous révéler. C’est ainsi que la grande ortie est amie et que je me plais à le faire savoir. Et vous ?
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