Avez-vous déjà aperçu un loriot d’Europe ? Car, il est bien plus facile de l’entendre. Son chant remarquable et puissant est tout en rondeur.
De la taille d’un gros merle, il vit essentiellement dans les grands arbres, loin de nos regards. J’ai saisi cette pose dans un haut figuier, à l’écoute, l’œil observateur. Cette posture m’a tout de suite plu.
Jusque là improbable, est né un drôle de loriot d’un jaune éclatant !
Arborant une pose avantageuse, la scène s’installait et le conte devenait réalité. Un papier, un crayon, l’allure, les dimensions et les traits d’esquisse s’affinent. Les pattes et les doigts sont dénichés dans des branches d’olivier. La nature est bien faite ! Le bec est découvert dans un morceau de bois de cerisier, enfin presque. Mais l’inspiration était là. Quant aux yeux, j’ai trouvé des graines de sophora qui font la paire !
Les fibres d’orties et leur magie
La fin du printemps est propice à la récolte des tiges d’orties. Rouies suffisamment, je les ai décortiquées avec un outil maison nommé Soori et les ai cordées. Une vingtaine de cordelettes m’ont servi à modeler l’enveloppe de la silhouette du loriot en 3 dimensions (à la manière d’un filaire 3D). Ce tissage préliminaire est réalisé au point boucle (Loop Wire) avec pour seul outil une aiguille en bois.
Les pattes sont liées à un anneau en éclisse de ronce supportant également la paire d’yeux et le bec. Pour matérialiser les ailes et la queue, j’ai recherché des écorces de châtaignier, riches en tanin. D’expériences passées, je savais que, plongées quelques secondes dans une solution mêlant vinaigre blanc et clous rouillés, j’allais obtenir un noir satiné parfait pour notre loriot !
Et le plumage…
Un plumage jaune d’or, me direz-vous ? Il me fallait des fibres feutrées d’orties propres, voire très propres. J’ai tout d’abord sélectionné de belles tiges décortiquées soigneusement. Puis, dégommées. Peignées. Peignées encore. Puis feutrées délicatement.
La teinture jaune d’or résulte d’un subtil mélange de teinture à la tanaisie (décoction lente) et ensuite de curcuma qui offre un substantif sans mordançage. Après plusieurs essais de dosages, j’obtins ce jaune éclatant car, naturellement, la fibre d’ortie brille légèrement.
À l’aide d’une aiguille à feutrer, le plumage s’installe. Façonné du bout des doigts, les fibres s’entrelacent naturellement. Au terme de plusieurs mois, loriot est fin prêt. Fin prêt pour son ultime migration !
- Une collection insolite d’oiseaux en orties feutrées : Ois’orties